Les mensonges sur la phobie sociale sont monnaie courante.
Si vous en souffrez, vous avez sans doute l’impression d’être la seule personne à comprendre vraiment ce qu’est la maladie.
Combien de fois des réflexions stupides vous ont-elles visées directement ?
Combien de fois vous a-t-on jugé comme une personne avec une simple timidité, qui « passera avec le temps » ?
Mais ne leur en voulez pas.
Déjà par ce que ça ne sert à rien.
Et ensuite, car la phobie sociale n’est pas encore très connue en Europe, contrairement aux États-Unis. Là-bas de l’autre côté de l’Atlantique, l’anxiété sociale est la première phobie du pays.
En France, les chiffres sont plus faibles, notamment à cause d’un mauvais diagnostic des médecins, qui la confondent souvent avec l’agoraphobie.
La population française n’est pas encore familière avec ce trouble. Les stéréotypes sont donc nombreux à subsister. Et c’est à vous d’éduquer votre entourage.
Alors, si vous ne deviez faire qu’une seule chose après avoir lu cet article, c’est celle-ci :
La prochaine fois que vous entendez une remarque déplacée, ou bien simplement pour faire comprendre ce que n’est pas la phobie sociale, éduquer la personne en question.
Faites-lui lire cet article.
Ainsi, elle comprendra de quoi vous souffrez réellement.
Voici donc les 19 principaux mensonges sur la phobie sociale.
1- Vous êtes juste timide
Parmi tous les mensonges sur la phobie sociale, c’est peut-être un de ceux qui ressortent le plus souvent.
Lorsque vous tentez d’expliquer votre maladie, on vous sort « oui, t’es timide quoi« .
Grrrrr.
La phobie sociale n’est pas simplement une affaire de timidité.
Toutes les personnes qui souffrent de phobie sociale ne sont pas timides, et toutes les personnes timides ne sont pas victimes de phobie sociale. Et heureusement !
La phobie sociale est beaucoup plus qu’une simple timidité.
La timidité est un trait de personnalité. La phobie sociale est une maladie mentale.
Elle vous affecte tous les jours et, si elle n’est pas traitée, peut avoir de graves conséquences sur votre vie.
Vous devez absolument faire la différence. Si votre phobie sociale est confondue avec une simple timidité, alors elle ne pourra pas être soignée.
2- Vous êtes donc introvertie
S’il y a une chose certaine en ce bas monde, c’est que je suis tout, sauf une personne introvertie !
Quoi, vous ne me croyez pas ? Et pourtant…
Durant la primaire et même encore au collège, j’étais un élève extraverti. J’aimais participer, j’aimais bavarder, faire rire les autres…
Voyez par vous-même :
Puis d’année en année, j’ai changé. La phobie sociale prenait le dessus lentement, mais sûrement.
Elle a fini par se généraliser. Pourtant, j’aimais toujours autant discuter avec les autres. Ma personnalité plutôt extravertie n’avait pas changé.
Mais mon anxiété sociale me ramenait très vite à la réalité, et me gardait prisonnier, pour elle seule. Quelle jalouse !
Bien sûr, vous pouvez avoir une phobie sociale et être introverti, mais vous pouvez aussi avoir une phobie sociale et être extraverti.
L’introversion est un trait de personnalité, alors que la phobie sociale n’en est pas un. C’est une maladie mentale.
De nombreux introvertis peuvent socialiser sans problèmes, mais ils choisissent de ne pas le faire, car c’est ce qu’ils préfèrent.
Alors qu’une personne souffrant de phobie sociale peut préférer être avec des gens, mais son trouble l’empêche de le faire.
Heureusement aujourd’hui, j’ai enfin pu retrouver la liberté. Je ressors, vois mes amis, peux faire les magasins sans que le ciel ne me tombe sur la tête… mon côté extraverti s’épanouit à merveille !
3- Votre maladie est juste une excuse
Aucune personne sensée ne voudrait utiliser une maladie mentale comme une excuse pour ne pas faire des choses.
Qui veut vraiment admettre qu’ils ont peur des gens, qu’ils tremblent, qu’ils transpirent et qu’ils paniquent dans les situations sociales et que la pensée d’une situation sociale imminente les rend malades? Personne.
Une excuse valable, c’est « je dois travailler ce soir-là » ou « Oh, je ne peux pas, j’ai d’autres projets« . Mais « j’ai un trouble mental qui affecte ma vie quotidienne » n’est pas une excuse.
C’est une maladie grave qui affecte non seulement les gens mentalement et émotionnellement, mais aussi physiquement !
Le fait de dire que vous vous en servez d’excuse vous fait mal. Ce sont ces types de mensonges sur la phobie sociale qui touchent profondément.
4- Votre maladie est inoffensive
Une chose est sûre, c’est que vous ne mourrez pas d’une crise cardiaque ou d’une insuffisance respiratoire à cause de la phobie sociale.
Il s’agit tout de même de relativiser. Ce n’est pas une maladie mortelle.
Mais justement.
Ce n’est pas par ce qu’elle n’est pas mortel qu’elle n’en ait pas moins invalidante.
Toute cette inquiétude extrême causée par votre phobie s’accompagne de toute une série de symptômes physiques.
Difficultés respiratoires, maux de tête, palpitations cardiaques, tremblements, nausée, perte d’appétit, trouble du sommeil, transpiration, douleurs thoraciques, évanouissements, etc.
Mais est-ce vraiment le plus dure à supporter ? Je ne crois pas.
Pour moi, le plus dur dans la phobie sociale est la restriction des interactions sociales, jusqu’à l’isolement complet.
On reste chez soi, de peur de sortir et de se confronter aux regards des autres.
Alors non, vous n’allez pas en mourir.
Mais oui, la phobie sociale fait du mal. Physiquement, et mentalement.
5- Vous devez le dire à tout le monde
Vous avez sûrement déjà entendu ce pseudo-conseil.
« Il ne faut pas avoir honte de ta maladie, parles-en, les gens comprennent« .
Encore un des mensonges sur la phobie sociale les moins connus, mais les plus pervers.
La réalité est que moins vous en parlez aux gens autour de vous, mieux c’est.
Bien sûr, votre famille est en droit d’être au courant. Et c’est normal.
Mais ce sont ces mensonges sur la phobie sociale qui font que certaines personnes n’arrivent pas à s’en sortir.
Pourquoi ?
Déjà par ce que je me vois mal afficher ma phobie sociale devant tout le monde, surtout des personnes que je ne connais pas si bien que ça.
Franchement, et ce que vous vous voyez faire ça :
Évidemment que non…
De plus, si tout le monde est au courant, alors va se créer une sorte de « tolérance générale » pour vos évitements.
Vous étiez chargé d’aller acheter le pain le dimanche matin, et depuis que vous avez annoncé votre phobie, vous en êtes dispensé.
« Le pauvre, s’il ne peut pas y aller, il ne faut pas le forcer !« .
C’est exactement ce genre de comportement qui fera qu’à terme, vous n’essayerez même plus de lutter.
Alors surtout, n’en parlez pas sous tous les toits. Tiens, ça tombe bien, parler de sa phobie sociale n’est de toute façon pas une chose facile.
Non, plus sérieusement, gardez ce secret pour vous et vos proches permettra de créer une pression positive pour vaincre votre phobie sociale.
Gardez bien cela en tête.
6- Vous pouvez « faire avec«
Je suis sûr que ça vous est déjà arrivé.
La fameuse phrase « fais avec, ça finira bien par passer« .
Et bien non. Malheureusement.
Votre phobie sociale ne partira jamais toute seule, ou d’un simple claquement de doigts.
Si seulement c’était aussi facile que de simplement « faire avec« .
Mais la réalité est tout autre. Il y a toute une thérapie comportementale et cognitive à suivre.
7- Votre phobie sociale provient d’un traumatisme
Peut-être. Et peut être pas.
Les plus grands spécialistes mondiaux ne sont même pas persuadés des causes exactes de la phobie sociale.
Ils en sont arrivés à la conclusion que son apparition était due à une multitude de causes.
Ainsi, votre phobie n’est pas apparue à cause d’un événement particulier. C’est plus compliqué que ça.
Votre phobie sociale est le résultat d’une combinaison de facteurs évoluant sur des années : votre éducation, votre environnement familial, un éventuel traumatisme, l’apprentissage durant l’enfance de schémas sociaux…
Pour en savoir plus, j’ai écrit un article spécialement sur les 4 causes de la phobie sociale les plus répandues.
8- C’est votre entourage et votre psy qui vous soigneront
Tiens, en parlant de l’entourage.
Je vous demande toute votre attention sur ce mensonge-là.
Si vous ne deviez en retenir qu’un, ce serait celui-ci.
Lorsque j’ai entrepris de me sortir de l’anxiété sociale par une première thérapie, j’étais loin de me douter que j’allais vivre un échec cuisant.
Pourtant, c’est exactement ce qu’il s’est passé.
Et je n’ai compris que plus tard le pourquoi du comment.
Énormément de phobiques sociaux se reposent sur leur entourage et sur leur thérapeute pour se soigner.
Mais la vérité est la suivante : ce n’est pas en allant voir un psychologue une fois par semaine que vous guérirez de la phobie sociale.
Et ce n’est pas en vous reposant sur votre famille que vous sortirez de cet état non plus.
Mais ça, je ne l’avais pas compris.
Vous pouvez être entouré des meilleurs psychologues du monde, faire 3 séances par semaines tout en vous faisant aider par votre famille, ça ne changera rien au problème.
La seule clé pour vaincre votre phobie sociale, c’est VOUS !
Si VOUS n’avez pas vraiment envie de faire des efforts, si vous n’êtes pas motivé à vous confronter à vos peurs en sortant dehors, alors arrêtez tout.
Rien ne sert d’aller plus loin.
Et c’est précisément ce que j’ai vécu.
J’avais, chaque semaine, des séances de psychologue, de thérapie de groupe et d’hôpital de jour.
Ma famille me soutenait. Mais rien n’y faisait. Je n’avançais pas (ou presque).
Et ce n’est qu’après avoir tout plaqué que je me suis rendu à l’évidence.
Ma guérison viendrait de moi, et moi seul.
Les psys, les exercices, tout ça n’étaient que des outils pour m’aider à atteindre mon but.
Mais le moteur, c’était moi. Personne d’autre ne pourra faire démarrer la machine.
La thérapie suivante, je l’ai faite sans psys. Sans groupe. Sans hôpital de jour. Et elle a fonctionné.
Guérissez votre phobie sociale
MON HISTOIRE & ma méthode
9- Tout le monde la vie de la même manière
Faux !
La phobie sociale n’est pas la même chose pour tout le monde dutout.
Rien qu’au niveau de l’intensité, la phobie sociale n’atteint pas le même niveau de gravité selon les personnes.
Vous pensez peut-être que parce que quelqu’un peut monter sur scène et chanter dans un groupe, il ne peut pas souffrir de phobie sociale.
Mais il est tout à fait possible que cette même personne ne soit pas en mesure de faire des choses comme se déplacer seule dans les transports en commun.
Tout le monde est différent.
La phobie sociale s’incruste dans les peurs de chaque personne. Or elles sont propres à chacun.
Sauf lorsqu’elle se généralise, ou n’importe quelle situation sociale se transforme en mission impossible.
10- Si vous vous confrontez, ça va être la panique
Effectivement, si vous foncez tête baissée dans LA situation que vous redoutez, vous risquez fortement de vous retrouver en pleine crise d’angoisse.
Mais qui vous a dit que vous devriez faire cela ?
La thérapie cognitive et comportementale prône au contraire une exposition progressive, en douceur.
Vous vous confronterez au début à des situations relativement simples, pour ensuite augmenter petit à petit en difficulté.
Mais il est également très important que vous soyez maître de votre corps.
Savez-vous quelle est la première chose que j’ai faite pour vaincre ma phobie sociale ?
Apprendre à gérer mon anxiété.
Et sans cette étape, je vous garantis que ma deuxième thérapie aurait été un échec, encore.
En apprenant à gérer votre respiration, en vous reposant sur des techniques d’ancrage, de pleine conscience, et en développant des habitudes anti stress au quotidien, vos séances d’exposition progressive seront beaucoup plus facile à gérer. Croyez-en mon expérience.
Ça tombe bien, voici plusieurs dizaines de fiches pratiquent développant toutes ces notions :
Cliquez ici pour en savoir plus sur ces fiches pratiques
11- Vous pouvez boire de l’alcool pour vous aider
Vous vous doutez bien que l’alcool est un danger.
« Oui c’est bon on sait, on l’entend tous les jours à la radio« .
Vous ne m’avez pas bien compris.
L’alcool est un DANGER ! Pour vous, phobique social.
Environ 40% des personnes qui en souffrent sont dépendantes à une drogue (alcool, cigarette, herbe…).
C’est énorme.
Et on peut tomber très vite dans l’alcool. J’ai failli succomber.
Durant ma première thérapie « ratée », je tenais absolument à sortir voir mes amis.
Bien que je me sentais mal, c’était ma nature, j’aimais sortir.
Alors, en arrivant, je buvais le plus vite possible, pour diminuer mon anxiété. Et ça marchait.
En quelques minutes, mon anxiété disparaissait, et je redevenais le Quentin d’avant.
L’espace d’une soirée.
Mais c’est typiquement ce genre de comportement qui mène droit à l’alcoolisme.
Vous associez le plaisir et la guérison avec un verre d’alcool.
Autrement dit sur le long terme, votre cerveau aura lié ces deux idées, et vous n’arriverez plus à faire sans.
Fort heureusement, j’ai arrêté cette habitude assez tôt. Et avec le recul, je ne regrette rien.
12- La phobie sociale est un bloc inaltérable
Absolument pas. C’est même l’inverse.
La phobie sociale est un château de cartes.
Lorsque vous réapprenez à braver une situation, vous faites déjà vaciller l’édifice.
Vous créer une brèche dans le système.
Et c’est par de petites victoires que vous réussirez à faire chavirer votre phobie sociale.
Pour qu’elle sombre, afin de ne jamais revenir ?
Mensonges sur la phobie sociale bonus : Même guérie, elle reviendra
Effectivement, il existe un risque de rechute.
Mais depuis les années 50, les études à ce sujet prouvent l’inverse.
Si vous faites les choses dans l’ordre, à savoir :
- Apprendre à gérer votre anxiété
- Comprendre votre maladie et la connaître par cœur
- Préparer votre exposition
- Vous exposez de manière progressive
- Vous entraîner à retrouver vos habiletés sociales.
Alors non seulement vous guérirez facilement, mais en plus, vous ne rechuterez pas.
Vous comprenez toute l’importance de faire les choses correctement, et de ne pas se lancer à l’aveugle. J’en ai fait les frais une fois, j’ai retenu la leçon.
Alors, apprenez de mes erreurs, vous gagnerez du temps !
À vous de jouer
Ces mensonges sur la phobie sociale sont souvent dure à encaisser.
Je sais que faire le premier pas est difficile. Je sais que vous avez peur, et que vous ne savez pas trop par quoi commencer. Et pire que tout, je sais que vous êtes anxieux. Alors je vais vous donner un conseil. Je ne vais pas vous dire de sortir dans la rue, et de faire des pirouettes sur la place centrale.
Je vais simplement vous donner ce conseil : commencez par apprendre à gérer votre anxiété. Pour plus tard, mais aussi pour votre quotidien.
À défaut de pouvoir sortir de votre phobie sociale avant quelque temps (le plus vite possible je l’espère !), alors améliorez vos journées et vos nuits.
Il existe des centaines d’exercices, certains efficaces, d’autres moins.
Guérissez votre phobie sociale
MON HISTOIRE & ma méthode
Je suis sûr d’une chose : cela vous donnera envie de passer ensuite à l’étape supérieure : vaincre votre phobie sociale.
Alors à vous de jouer !
Super article ! Tu m’as donné une autre vision de ma maladie !!
Je me suis reconnu dans tellement de situations !
Et merci pour toutes ces infos, ca a changé mon approche de la phobie sociale. Effectivement, rien ne sert d’ne parler à trop de monde, ainsi, on est poussé à progresser.
Alors que l’on m’a dit exactement l’inverse, ducoup les gens avaient une sorte de pitié à mon égard que je détestais.
Bravo ! Enfin un article construit qui ne raconte pas n’importe quoi ! J’ai A-DO-RE lorsque tu dis qu’un phobique social n’est pas forcement timide. Je suis victime de cette maladie mais pour autant, je suis (ou j’étais) quelqu’un de très extravertie !
Merci d’avoir rétablis la vérité, en espérant qu’un maximum de monde le lise 🙂
Un autre mensonge sur la phobie sociale : croire que dire « t’inquiète, ca va allez mieux » nous fait du bien quand on est en pleine crise 😉
Il est toutefois possible que la phobie sociale revienne ! Même si je suis d’accord que dans la plupart des cas, le guérit fait tout pour ne pas que ce soit le cas. Mais il existe un risque de rechute…
Premiere fois de ma vie que je laisse un commentaire.
Je me sens obligé au vu de la qualité du contenu.
Bravo Quentn
Très bien écrit, je rejoins ce que dis Caroline, je suis quelqu’un de très extravertie à la base également